Fuite en avant, conflit d’intérêts… Philippe Herlin en fait une analyse pertinente.
« La présidente de la Fed, Janet Yellen, a confirmé la semaine dernière la baisse des injections de liquidité dans l’économie. Le Quantitative easing diminue de 10 milliards de dollars par mois depuis décembre 2013, et il est ainsi passé de 85 milliards l’année dernière à 35 milliards au mois de juillet, pour une extinction complète à la rentrée, normalement. Cette disparition progressive du QE se justifie, selon Yellen, par une reprise de l’économie qu’elle entrevoit en 2015-2016… Dans le même temps, elle a pourtant revu à la baisse la prévision de croissance pour 2014 (entre 2,1 et 2,3 % au lieu des 3 à 3,5 initialement prévus). En fait depuis la crise de 2008, les prévisions de croissance du PIB américain par la Fed sont systématiquement revues à la baisse, mais cela n’empêche pas cet optimisme irréel de l’institution monétaire…
Les banques centrales n’agissent pas toujours en leur nom, mais au travers de filiales comme, par exemple, « l’Administration d’Etat des devises étrangères de la Chine », qui fait partie de la Banque de Chine, et qui est devenue la plus importante structure publique au monde détentrice d’actions. Parfois elles le font en leur nom, comme les banques centrales de Suisse (qui peut investir 15% de son bilan en actions) ou du Danemark (qui détient 500 millions de dollars d’actions). L’OMFIF a identifié 400 investisseurs publics répartis dans 162 pays qui détiennent au total 29.000 milliards de dollars d’actions… Pour donner un ordre de grandeur, ce chiffre équivaut à presque deux fois la dette fédérale américaine. A un tel niveau, il est évident que cette intervention pousse les actions à la hausse, autrement dit que les banques centrales contribuent à former une énorme bulle sur les marchés financiers.
Manipulation, mensonge, dissimulation, les mots manquent, les théoriciens du complot sont dépassés ! Absolument rien ne justifie qu’une banque centrale acquière des actions, et dans une telle quantité, cela ne correspond en rien à sa mission qui est de veiller à la stabilité de la monnaie et du système financier. Ce comportement traduit plutôt une fuite en avant, une volonté de créer un environnement optimiste par la progression des indices boursiers, de façon à inciter les ménages à consommer et les entreprises à investir, pour enfin enclencher une reprise économique. Mais celle-ci n’arrive pas et, entretemps, la bulle sur les marchés actions continue de gonfler. Tout cela va très mal se terminer ».
Philippe Herlin, Goldbroker.com, le 26 juin 2014